Prenez le pouvoir

 

 J’appelle les désespérés, les malades, les apatrides, les étudiants, les commerçants, à rejoindre les rangs de la poésie. Que notre parole au moins soit entendue ! Modestement, j’invite les auteurs, éditeurs, directeurs de revue, à s’exprimer sur ce site.

                                                                                                

J’appelle tous les déracinés, les empêtrés dans le malheur, les dynamiteurs de poésie, les anarchistes du verbe, les désenchantés du rêve, les assoiffés, les rebelles, à rejoindre les rangs du poème. Avant qu’ils ne réussissent à nous réduire au silence, il nous revient de crier notre parole partout où elle sera audible. Parce que l’attention ne nous est pas donnée, réclamons, exigeons un nouveau désordre poétique ! Bien loin des médias traditionnels, des plateaux TV, des journaux et des magazines, de nos villes, de nos écoles, de nos librairies, la poésie se meurt peu à peu. Combien de centaines de revues occupent un pouvoir parallèle… Certes, toutes ne réclament pas la révolution : le mot « Poète » ne veut rien dire, quand il est réduit à sa plus simple expression. Le pouvoir se satisfait de cet état d’inertie. Tout cela passe par une auto-analyse, un mea-culpa, une remise en question. Moi je ne me résous pas au silence. Puisque le pouvoir n’est pas entre les mains du poète, à lui de le revendiquer. Le « silence » : un mot qui me fait peur ! Vous êtes peut-être récalcitrant à vous exprimer librement, peut-être par désespoir : vous ne voyez pas trop la finalité de prendre la parole, tellement notre sort semble scellé, tellement vous avez le sentiment que la chose est vaine. Ce mot, cette chaîne à nos pieds fait le malheur du poète, pris dans son quotidien d’autosatisfaction. La poésie semble moribonde. Le monde (qui l’entoure) ne lui renvoie que son indifférence ! Pourquoi se battre alors face à une société qui enferme les âmes dans des compartiments, des cercueils… Vous avez le sentiment de l’inutilité de prendre la parole aujourd’hui ! Laissons à la poésie le contrôle de la poésie ! Laissons aux poètes le soin de s’entredéchirer, de s’acclamer, de vouloir être dieu… Rester dans les remparts de notre quotidien poétique, renoncer, se dire que la lutte n’a aucune signification… Le travail suffit, les échanges, les textes partagés par Google, les publications suffisent. C’est à la société d’aller vers la poésie. Mais cela ne fonctionne pas comme cela aujourd’hui ! La société nous ignore, le poète vit dans l’entourage du poète. Cela peut durer longtemps, ce petit jeu de cache-cache ! À la poésie de s’emparer du monde ? Chacun se fera sa propre idée à ce sujet. Selon ses convictions. Selon sa croyance. La société nous ignore, nous méprise. Et nous de décerner des palmes, des médailles, des titres… Quand la poésie devient ridicule… Se faire entendre ? Réclamer de l’attention ? Et sur quoi ? Sur sa propre gloire illusionnée, sur notre poésie bien tranquille, assaisonnée comme des rouleaux de printemps ! Il est vaste le fossé qui nous exclut de la face du monde ! Le monde rit du poète et se moque allégrement de sa destinée. Et moi je ne me résous pas à cesser le combat. J’appelle les désespérés, les malades, les apatrides, les étudiants, les commerçants, à rejoindre les rangs de la poésie. Que notre parole au moins soit entendue ! Modestement, j’invite les auteurs, éditeurs, directeurs de revue, à s’exprimer sur ce site. Je veux partager votre parole, la recueillir et la transmettre. J’attends ni plus ni moins que vous soyez vous-même. Que votre témoignage soit une façon de briser le mépris et le silence. Ce site a pour vocation d’être un lieu de libre expression. La poésie en reste le cœur central. Prenez le pouvoir !

 

Daniel Brochard, le 20 décembre 2021.