Nuit ronde

 

L'écho de la nuit ronde ricane, mais sans discontinuer, décroît.

Des pierres lissées comme le marbre jaillissent quelques visages - les mêmes : bouches à demi-ouvertes, regards coiffés d'un pli rieur, boucles sans fin. Tous les pores de la ville sont devenus miroirs pour Celle qui chute sur une chaise vide.

À peine les notes amères de l'élégie du soir se sont-elles relevées ; cela fait une éternité que le soleil se couche.

Ma bouche est encore pleine du fruit crépusculaire ; et les effusions sanguines de la grenade éclatée sanglottent d'entre mes dents - sans jamais cesser. Certes, la plus blanche des étoiles scintille sans que j’aie vu Sa main qui le dépose.

 

Mais l'écho de la nuit ronde ricane, et sans discontinuer, décroît.

 

RL est enseignant, il a 30 ans et habite à Bordeaux ©