Appel à la poésie

 

Je me permets de revenir vers vous tant la solitude aujourd'hui me pèse. Dire que le monde de la poésie me paraît bien lointain depuis l'arrêt de Mot à Maux. Dois-je supprimer le site Dans les brumes ? Dois-je me couper totalement de cette relation avec la poésie ? Pour moi, elle est en train de mourir. D'abord entre mes doigts... mais surtout dans une société où elle est délaissée, ignorée ! Quel intérêt à vouloir ressasser encore les éternelles difficultés de la poésie ? Pourquoi combattre pour la maintenir en vie ? C'est un phénomène qui nous touche tous, en tant qu'auteurs ! Alors, perdre son temps à pleurnicher, quelle importance ? J'estime avoir fait mon chemin. J'ai suffisamment eu ce sentiment de lutter pour des combats qui pour moi avaient un sens... Je sais l'inutilité de ma démarche. Je sais la vanité de vouloir peser sur une société marquée par les réseaux sociaux, la vitesse et la consommation. Aujourd'hui, il ne semble plus y avoir d'issue pour le poète. Alors que sa représentation dans la sphère sociale est sans cesse menacée, comment croire encore à une possible résurgence ? Me faut-il disparaître définitivement de ce milieu de la poésie dont le sens nous échappe et pour lequel le combat semble vain ? Si Mot à Maux a pu avoir du sens et susciter un peu l'intérêt, la revue est bien morte aujourd'hui. Je n'écris plus, sauf quelques lettres. Je peins, je m'occupe de mon quotidien. Je prépare de futures publications. Je voudrais tout laisser tomber, dans mes moments de désespoir ! Et je crois encore au pouvoir de la parole. Sans vous, Dans les brumes ne sert à rien. La seule chose qui ait un sens pour moi est d'accueillir votre parole. Je n'ai plus rien à ajouter personnellement à ce site. Je voudrais que vous trouviez ici un espace libre. Le silence serait le pire du désespoir. Je ne vous cache pas que sans vous Dans les brumes n'a pas d'avenir ! Chers amis, puis-je compter sur votre présence ? Puis-je espérer que vous sauviez cet espace de parole ? Tout reste à réinventer. Je serais meurtri de devoir supprimer ce site que je considère comme une ouverture, un lieu d'expression possible et différent. Celui-ci vous appartient. Il me coûterait de devoir le supprimer, tant je crois en son potentiel. Si vous rêvez comme moi que la poésie puisse avoir un avenir, malgré cette ambiance délétère, et si je puis jouer les Socrate dans cet espace moderne, j'accueillerai volontiers votre participation. Votre conscience de poète, d'auteur, d'éditeur ou de revuiste fera le reste.

 

Cordialement,

 

Daniel Brochard, le 12 octobre 2022